
Et si votre chapeau révélait votre humeur ?
PAR DIANE LENCRE
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Tiens, un chapeau. On le pose sur sa tête, l’air de rien. Et pourtant… il parle. Pas avec des mots. Mais avec des formes, des matières, des angles, des humeurs. Oui, des humeurs. Parce qu’un chapeau, mine de rien, ça balance des messages. Et pas qu’un peu.
Un couvre-chef n’est jamais neutre
Qui mettrait un haut-de-forme pour aller chercher du pain ? À part un magicien distrait ou un romantique excentrique… pas grand monde. Le chapeau, c’est un peu comme les lunettes de soleil : il protège, certes, mais surtout, il dit “regardez-moi… ou non”. Il crée une distance, ou une attente. Il affirme, ou il cache. Il peut faire les deux, en même temps. Et c’est là que ça devient savoureux.
Il y a des jours où l’on veut disparaître. Hop, capuche ou bob bien enfoncé. Regard fuyant. Pas aujourd’hui, merci. Et d’autres, où l’on veut tout, sauf passer inaperçu. Ce matin-là, le béret se penche de travers, la visière pointe vers le ciel, la capeline s’étale comme un soleil en vacances. Et là, oui, là, le chapeau devient presque bavard.
Chapeau claque, chapeau mou : deux ambiances
Le chapeau claque, c’est l’aristo coincé dans un corps du XXIe siècle. Il claque, justement. Il fait du bruit sans bouger. Il dit : “Je suis là, voyez, j’ai prévu mon effet.” Et s’il pouvait, il se lèverait tout seul pour saluer.
À l’opposé, le chapeau mou... il flotte. Il épouse le vent, le crâne, les silences. On l’imagine posé sur un banc, oublié là, avec une vieille odeur de tabac blond et de cuir usé. Celui-là, il parle bas. Il ne cherche pas à séduire. Il accompagne. C’est tout.
Il y a un monde entre ces deux-là. Et c’est fou comme ça dit quelque chose, d’un simple galbe, d’une bordure plus ou moins rigide.
Et vous, vous êtes plutôt panama du dimanche ou casquette du mardi ?
Le panama, avec sa paille fine et son ruban chic, sent les apéros qui durent, les terrasses en fin de journée, un zeste de citron vert dans l’air. Il dit qu’on prend son temps. Qu’on observe. Qu’on respire entre deux pensées. Pas de stress. Le panama, c’est l’ami du silence heureux.
La casquette, elle, est souvent ailleurs. Elle court. Elle planifie. Elle pense à demain. Elle évite la pluie, le soleil, les remarques. Et parfois, elle dit aussi “foutez-moi la paix”. On la choisit par réflexe. On l’attrape à l’entrée. On ne réfléchit pas. Et c’est bien pour ça qu’elle en dit autant. Un peu comme une humeur qui ne se maquille pas.
Le chapeau est un miroir
Pas au sens magique (encore que), mais au sens brut. Il reflète. Pas notre visage, non. Notre intention. Notre état du moment. Il révèle des micro-détails que même un regard ne trahirait pas. Et parfois, on s’en rend compte en se voyant dans une vitrine. Comme un lapsus vestimentaire. C’est drôle, mais c’est souvent plus honnête qu’une déclaration.
Prenez la capeline noire. Large, un peu dramatique. Elle fait une ombre autour du visage. Une ombre douce. Comme un halo, mais inversé. Elle dit : “Laissez-moi tranquille… mais voyez-moi quand même.” Qui n’a jamais eu ce mélange-là dans la tête ?
Ou le béret, ce petit rond de tissu qui, selon son inclinaison, fait tout basculer. Posé bien droit ? Sérieux. Penché à gauche ? Bohème. À droite ? Mystérieux. Et parfois… il tombe tout seul, ce qui veut tout dire.
Des matières, des textures, des humeurs
On ne met pas un chapeau en feutre par hasard. Il y a du poids, une chaleur, une façon qu’il a d’épouser l’os du crâne comme une main posée là. Ce n’est pas un tissu léger. C’est du sérieux. Du genre à accompagner les silences lourds ou les cafés pris seul.
La paille, au contraire, craque un peu. Elle grince, elle sent le sable chaud, le melon coupé trop tôt, la crème solaire sur le cuir. Elle est insouciante. Elle ne juge pas. Elle couvre, elle laisse passer l’air. Elle sent les vacances, même en ville.
Et puis il y a le coton, pratique, discret. Il s’adapte. C’est le pull gris des couvre-chefs. On ne le remarque pas. Mais il est là. C’est rassurant.
Une journée, un chapeau, un état d’âme
Certains font tourner leurs chaussettes. D’autres leurs playlists. Et puis il y a ceux qui ont un chapeau pour chaque humeur. Pas pour frimer. Pour s’aligner.
Un jour, envie de rigoler ? Le bob coloré. Il ne prend rien au sérieux, même pas lui-même. Il dit : “je suis là pour le fun”. Et franchement, il le fait bien. Il se fout du regard des autres. Il a connu la pluie, les festivals, les oublis dans les trains. Il est toujours revenu.
Un lendemain de dispute ? La capuche refermée, façon coquillage fermé. Elle n’est pas un chapeau, mais presque. Elle dit stop, elle dit non. Elle dit “on verra demain”.
Et puis il y a les jours sans forme, sans envie. Ceux où l’on sort tête nue. Parce que tout gratte. Parce qu’on n’a plus de tête, juste une nuque tendue et des idées floues. Et ce jour-là, on se rend compte à quel point un chapeau manque. Comme un couvercle sur la casserole. Comme un coude sur la table.
Tiens, ça me fait penser à…
Une fois, dans un vieux marché en Toscane, on a vu un monsieur – soixante, soixante-dix ans peut-être – avec un borsalino prune. Le genre de chapeau qui ne va à personne… sauf à lui. Il avait les mains dans les poches, un sourire un peu las, et les yeux pétillants. Le chapeau n’était pas posé. Il était posé avec histoire. On sentait l’homme derrière. Et soudain, tout avait du style. Même le sac plastique.
C’est ça, un chapeau. Un amplificateur. De présence. De silence. D’allure. C’est un mot qu’on ne dit pas, mais qu’on porte.
Et en amour, alors ?
Bonne question. Le chapeau, dans une relation, peut devenir un petit théâtre. On s’en chipe un, pour jouer. On se couvre les yeux avec, dans le lit. On le garde pour le lendemain matin, quand on va chercher les croissants. Il devient un doudou amoureux, un peu comme une chemise empruntée. Il garde une odeur. Un souvenir. Une chaleur.
Et parfois, il reste accroché au mur. Comme un drapeau discret d’une histoire passée.
Peut-on choisir son humeur en choisissant son chapeau ?
Pourquoi pas ? Il y a des matins, on triche un peu. On enfile une casquette fière, alors qu’on est raplapla. On sort une capeline ambitieuse, alors qu’on a envie de pleurer. Et devinez quoi ? Ça marche (parfois). Le chapeau, c’est aussi une invocation. Il peut tirer le fil d’une énergie qu’on n’a pas encore. Un peu comme une chanson qu’on lance très fort dans les écouteurs pour se convaincre que “ça va aller”.
Une garde-robe pour la tête
On a 15 tee-shirts. 8 pantalons. Mais combien de couvre-chefs ? Un ou deux, souvent. Et encore. Pourquoi si peu ? Alors que c’est là, justement, que tout commence. Par la tête. Le haut. Le sommet.
Et si on commençait à se composer une garde-robe émotionnelle pour le crâne ? Pas besoin d’en faire un musée. Mais un petit choix : un chapeau d’hiver grognon. Un bonnet poétique. Un bob qui rit. Une visière de combat. Et peut-être, oui peut-être, une coiffe qui ne ressemble à rien – mais qu’on adore.
Voilà, ça y est, on y est. Vous pensiez parler de chapeaux, et on s’est mis à parler d’humeurs, de souvenirs, de gestes tendres. Parce qu’un chapeau n’est jamais juste un objet. C’est un état d’âme visible. Une façon de dire, sans mots : “Aujourd’hui, je suis comme ça.” Et franchement, c’est déjà pas mal.
À propos de l’autrice
Diane Lencre, rédactrice pour Rose La Lune Paris, écrit comme on souffle un vœu à la lune. Guidée par les cycles lunaires et portée par une passion sincère pour le bien-être, elle partage des mots de douceur, d’inspiration et de tendresse pour éclairer les chemins intérieurs.
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